Immobilier: le retour du crédit accessible
C’est un bol d’air pour des milliers de Français, qui ont un projet d’achat de logement dans les tiroirs, et qui le gardaient au chaud, faute de taux de crédit attractif. Le coût des emprunts immobiliers, après deux ans de hausse, semble baisser enfin. En février, les taux ont reculé de près de 0,10 point, après avoir fondu de près de 0,40 point en janvier. Il faut débourser en moyenne 3,90 % pour un prêt sur vingt ans, contre 4,50 % en fin d’année dernière.
«On est de retour sous les 4 %» se félicite Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. Les meilleurs dossiers, avec des revenus solides et un apport confortables, peuvent même voir leur taux tomber à 3,60 % en ce moment. Un niveau qui n’aurait guère fait rêver les acheteurs il y a deux ans quand on pouvait encore décrocher du 1 % sur 20 ans, mais qui aujourd’hui est bon à prendre.
Mais c’est loin d’être tout. Les banques qui ont fermé le robinet du crédit l’année dernière faute de rentabilité sur cette activité les rouvrent à nouveau. En effet, les obligations d’État à 10 ans, qui font office de mètre étalon pour les crédits immobiliers, ont largement baissé ces dernières semaines passant de 3,50 à 2,50 %, accompagnant ainsi la baisse de l’inflation. De quoi redonner des marges de manœuvre aux banques pour prêter à leurs clients particuliers. «Les banques sont là et elles ont envie de financer des achats de logements, confirme Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vous Financer, le crédit immobilier reste un produit d’appel de premier ordre pour elles et elles ont besoin qu’on leur envoie de nouveaux clients.»
Le nouveau contexte de taux remet des projets au goût du jour. «Il peut y avoir des calculs d’enveloppe à faire», fait valoir Maël Bernier. Un recul de 0,5 point du taux de crédit équivaut à un gain de près de 10.000 € sur un prêt de 200.000 € selon Meilleurtaux. Pour ce même montant, la mensualité baisse de 50 €, pour tomber à 1207 € par mois. «Cela peut paraître peu, mais c’est déjà ça. L’année dernière, on a vu des dossiers refusés à 50 € près», rappelle Maël Bernier. Les mensualités ne peuvent pas dépasser 35 % des revenus - sauf exceptions - et les banques sont aujourd’hui intraitables sur la question.
D’ailleurs, les candidats à l’achat qui ont vu leur dossier rejeté pourront faire réexaminer leur situation s’ils le souhaitent. En effet, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), organisme piloté par Bercy et la Banque de France, et qui veille sur le crédit comme le lait sur le feu, a demandé aux banques de revoir les dossiers rejetés en 2023. Et cette mesure est désormais applicable. Les acheteurs pourront actionner ce levier s’ils estiment le refus injustifié. Mais vu la baisse des taux à l’œuvre, ces derniers auront peut-être simplement intérêt à se lancer dans un nouveau projet.
Par Jorge Carasso «Figaro Magazine»